Port d'un système d'arrêt de chute en PEMP : recommandations et guide
Découvrez les recommandations pratiques et guide pour le choix des EPI adaptés pour des interventions sécurisées en nacelle.
1. Prévention des risques d'éjection et de chute en PEMP
Limites de la protection offerte par les garde-corps
Sur les plateformes élévatrices mobiles de personnel (PEMP), les garde-corps sont conçus pour protéger efficacement les opérateurs en conditions normales d'utilisation : machine stationnaire, opérateur debout sur le plancher et absence d'événements perturbateurs.
Cependant, de nombreuses situations imprévues, mais prévisibles, peuvent survenir et mettre en échec ces protections. Par exemple, la plateforme peut basculer si elle roule sur un trou ou descend un obstacle comme une bordure de trottoir. De même, un choc causé par un véhicule en circulation ou une défaillance mécanique peut provoquer une éjection brutale d'un ou plusieurs travailleurs.
Ainsi, malgré la présence des garde-corps, la seule protection collective ne suffit pas toujours à garantir totalement la sécurité. C'est pourquoi le recours à des équipements de protection individuelle (EPI) supplémentaires et la formation à l'utilisation des nacelles sont indispensables.
Risques spécifiques aux PEMP du groupe B
Les PEMP du groupe B présentent des risques accrus. Sur ces machines, la plateforme est montée au bout d'un bras télescopique, susceptible de générer des "coups de raquette" puissants lors de mouvements brusques ou d'accidents.
Ce phénomène amplifie considérablement le risque d’éjection, car il peut catapulter violemment l'opérateur hors de la plateforme.
De plus, sur ces machines en porte-à-faux, la stabilité de la plateforme repose souvent sur un unique axe d'inclinaison. La rupture de cet axe entraîne inévitablement un basculement, avec un risque élevé de chute mortelle pour les occupants.
Face à ces dangers spécifiques, des mesures de protection renforcées doivent être systématiquement mises en œuvre.
2. Protection individuelle contre les chutes en PEMP
Pourquoi équiper les opérateurs d’un système antichute ?
L'analyse des risques démontre que l'utilisation exclusive des garde-corps n'offre pas une sécurité suffisante dans toutes les situations.
À l'issue de l'évaluation des dangers et de l'adéquation entre la tâche, la machine et l'environnement de travail, il est donc nécessaire pour l'employeur de prescrire l'utilisation d'un système de protection individuelle contre les chutes.
Cette exigence vise à prévenir les accidents liés à une perte de stabilité ou un choc extérieur, en garantissant que les opérateurs soient retenus à la plateforme même en cas d'événement exceptionnel.
3. Composants et types de systèmes de protection contre les chutes
Éléments essentiels d'un système antichute
Un dispositif de protection contre les chutes de hauteur comprend trois éléments indispensables :
• Le point d'ancrage : fixe et robuste, il sert de support à la liaison entre l'utilisateur et la plateforme.
• Le système de liaison : longe, absorbeur d'énergie et connecteurs assurent le lien entre l'utilisateur et le point d'ancrage.
• Le harnais de maintien du corps : répartit les forces de choc et maintient l’opérateur en position après une chute.
L'efficacité du système dépend directement de la qualité et de l'adéquation de chacun de ces composants.
Types de systèmes de protection
> Système d’arrêt de chute
Ce système est conçu pour arrêter une chute en cours, sans pouvoir l'empêcher à l'origine. Il comprend :
• Un harnais antichute conforme à la norme EN 361,
• Un point d'ancrage sécurisé,
• Une liaison équipée d'un absorbeur d’énergie, soit :
o Une longe + absorbeur séparés (EN 354 et EN 355),
o Une longe intégrée avec absorbeur (EN 355),
o Un antichute à rappel automatique (EN 360).
L'absorbeur réduit les forces exercées sur le corps de l'utilisateur et sur la structure lors de l'arrêt de la chute, minimisant ainsi les risques de blessures graves.
> Système de retenue
Le système de retenue est conçu pour empêcher la chute en limitant les déplacements de l'utilisateur.
Contrairement au système d’arrêt de chute, il ne doit pas être sollicité pour arrêter un mouvement de chute libre.
Il se compose :
• D’un dispositif de maintien du corps, de préférence un harnais antichute (EN 361), ou à défaut une ceinture à cuissardes (EN 813) ou une ceinture de maintien (EN 358),
• D’une longe adaptée (EN 358 ou EN 354) dont la longueur est spécifiquement choisie pour interdire l’accès aux zones de chute.
4. Choix et adaptation des EPI pour l'utilisation des PEMP
Critères essentiels pour le choix des équipements
La sélection du système de protection doit tenir compte de plusieurs facteurs majeurs :
• Élément 1 : La longe doit être suffisamment courte pour empêcher l’opérateur d’être éjecté au-dessus du garde-corps. Ceci réduit l'effort vertical en cas d'accident, protégeant la stabilité de la PEMP.
• Élément 2 : Un opérateur suspendu sous la plateforme risque de heurter des obstacles (machines, structures métalliques, etc.). La longe courte minimise ce danger.
• Élément 3 : La suspension prolongée dans un harnais peut entraîner des effets physiologiques graves (syndrome du harnais). Un système évitant la suspension améliore donc la sécurité.
• Élément 4 : En cas d’éjection, l’opérateur est souvent projeté vers le haut. Il est impératif d'utiliser un harnais équipé de bretelles robustes pour maintenir efficacement le corps dans cette direction.
• Élément 5 : En cas de chute, l’absorption d’énergie est indispensable pour limiter les traumatismes. Le système doit intégrer un absorbeur conforme aux normes en vigueur.
Systèmes de liaison autorisés
Selon la situation et les caractéristiques de la PEMP, plusieurs systèmes de liaison sont possibles :
• Antichute à rappel automatique : idéal pour une grande liberté de mouvement tout en limitant le tirant d’air.
• Longe courte avec absorbeur : adaptée aux plateformes de petites tailles.
• Longe réglable avec absorbeur : permet un ajustement précis selon la morphologie et la position de l’ancrage.
• Longe double avec absorbeur : recommandée pour les grandes plateformes nécessitant des déplacements fréquents.
Chaque système doit être rigoureusement choisi et ajusté pour empêcher l’éjection hors du périmètre protégé.
5. Maintien du corps : choix et utilisation du harnais
Pour garantir une protection optimale :
• Le dispositif de maintien doit être un harnais antichute EN 361, équipé de bretelles aux épaules et de sangles sous-fessières.
• La liaison au système antichute doit être réalisée soit par l’anneau dorsal, soit par l’anneau sternal.
• Avant utilisation, il est obligatoire :
o D'ajuster correctement le harnais à la morphologie de l'opérateur,
o De vérifier l’adéquation de la longe en fonction du point d’ancrage,
o De calculer le tirant d’air disponible,
o De respecter les règles de formation et de vérifications périodiques obligatoires (au moins une fois par an).
6. Sécurisation de l'ancrage dans les PEMP
Exigences sur les points d’ancrage selon la norme EN 280-1 :2022
La sécurisation de l’ancrage est un maillon clé de la chaîne de protection. Selon la norme :
• Il doit y avoir un nombre suffisant d’ancrages pour accueillir tous les opérateurs présents sur la plateforme.
• Les points d'ancrage doivent être situés à moins de 750 mm au-dessus du plancher de travail pour limiter la hauteur de chute.
• Chaque ancrage doit pouvoir résister à une force statique de 6 kN minimum, sans atteindre sa limite de rupture (augmentée de 20 % par personne supplémentaire si plusieurs utilisateurs y sont rattachés).
• Chaque point d'ancrage doit être clairement identifié avec des marquages spécifiant :
o Le type de protection autorisé (chute, retenue),
o Le nombre maximum d’utilisateurs.
Le respect scrupuleux de ces exigences est fondamental pour garantir la protection des travailleurs opérant en hauteur.